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Le grand salon de discussion
16 mai 2006

L’affaire Clearstream

Voici un extrait de « La tragédie du Président » (qui sera prochainement l’objet d’une chronique sur ce blog) : 

« Le cri du corbeau

[…]C’est dans ce contexte qu’éclate l’affaire Clearstream. Au printemps 2004, le juge Renaud Van Ruymbeke reçoit une lettre anonyme. Encore une. Il en commence la lecture par acquit de conscience quand il comprend qu’elle dénonce, numéros de comptes bancaires à la clé, un gigantesque système de blanchiment d’argent sale. Tout tourne autour de Clearstream, la banque des banques, dont le siège est à Luxembourg. Une chambre de compensation qui, au lieu de transférer physiquement l’argent entre les banques, ne règle que les soldes des échanges. Résultat : on ne peut pas suivre le cheminement des sommes. Anonymat garanti. […]
La lettre anonyme accuse plusieurs personnalités du monde des affaires d’avoir perçu, via Clearstream, du fond occulte […]. Parmi les cibles, Philippe Delmas, vice –président d’Airbus. Le 7 mai 2004 il est mis en garde à vue mais, après maintes vérifications, aucun élément n’est retenu contre lui. Pas la moindre trace de commission illicite ni de compte bancaire au Luxembourg.
[…] Quand les juges reçoivent la deuxième lettre anonyme, leurs derniers doutes sont levés, il s’agit bien d’une grossière manipulation. Tout le bottin des affaires, de la politique et de la presse est cité et, bien sûr, Nicolas Sarkozy, faussement dissimulé sous les pseudonymes transparents de Paul de Nagy et de Stéphane Bosca, tirés de son patronyme complet : Nicolas, Paul, Stéphane Sarközy de Nagy-Bosca.
Si Sarkozy avait ouvert des comptes au Luxembourg, pourquoi diable aurait-il pris des pseudonymes aussi voyants ? A l’évidence, quelque chose cloche. Villepin, pourtant, saute de joie. Bonne pioche. Il prévient tout de suite Jean-Pierre Raffarin : « ça y est, on le tient ! » Il alerte aussi la bonne presse : « Sarkozy, c’est fini. Si les journaux font leur travail, et s’ils ont des couilles, il ne survivra pas à cette affaire-là. » Dans la foulée, il commande un rapport à la Direction de la surveillance du territoire (DST).
Qu’importe si tout ça sent le montage à plein nez : calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque choses. D’autant qu’un démenti équivaut souvent, dans ce genre d’affaires, à une confirmation. Las ! La machination ne prend pas. Elle a été trop bâclée. Pour un peu, elle se retournerait même contre Villepin.
[…] Dans d’autres notes « Confidentiel Défense », la DST mentionne des rumeurs mettant en cause Jean-Louis Gergorin. […] Il a un ennemi dans la vie, Philippe Delmas. Et inversement.
C’est aussi un grand ami de Dominique de Villepin […].
Détail troublant. A condition, bien sûr, que Jean-Louis Gergorin ait été l’auteur de ces lettres, ce qu’il dément avec énergie et qui n’est au demeurant pas prouvé. Convaincu qu’il s’agissait d’un complot ourdi contre lui, Nicolas Sarkozy se croit quand même fondé à demander des comptes à Dominique de Villepin.
[…] N’empêche que l’affaire Clearstream n’a pas fini de faire des vagues.
C’est elle qui permet de comprendre, en partie, le retour inopiné de Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur […]. C’est encore elle qui nourrit la haine froide ou brûlante, c’est selon, qui dresse l’un contre l’autre Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin. Ces deux-là sont condamnés à se battre jusqu’au dernier sang. Ils ne se rateront pas. Les sourires de façade n’y changeront rien. »

Ces lignes ont été écrites par Franz-Olivier Giesbert, avant le mois de mars 2006 (dépôt légal du livre). Ce qui me pousse à faire deux constats :

-         Cette affaire avait déjà éclaté au grand jour, mais n’avait pas autant fait de scandale (Dominique de Villepin étant « seulement » ministre de l’Intérieur, cela n’intéressait personne) ;

-         M. Giesbert nous expose des faits qui seront (re)dévoilés deux mois (ou deux ans ?) plus tard en tant que scoop.

Tout ceci ne fait que me conforter dans l’idée que toute cette affaire Clearstream n’est qu’un emballement politico-médiatique (pour reprendre l’expression d’un confrère) orchestré par quelques politiciens en manque d’idées et des médias en quête de nouveaux scandales…

Je ne doute pas de l’implication de M. de Villepin dans cette affaire, voire de celle de Jacques Chirac ; et je ne serai pas surpris d’apprendre que c’est Nicolas Sarkozy qui s’est arrangé pour que cette affaire ressorte au grand jour au moment opportun. Mais lorsque je lis les faits, une question me vient à l’esprit : n’y a-t-il pas eu beaucoup de bruit pour rien ?

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Commentaires
R
bah moi je commencait a croire que ce blog m'était dédié...<br /> quand a clearstream, je crois que l'affaire revele l'opacité des systemes politiques et financiers, l'indépendance dangereuse de ces sphères, et par analogie sur toutes les autres sphères leurs dominations...
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