Aparté

Nous avons passé le week-end à Marseille.
Entre l’anniversaire de ma fiancée et la victoire des Bleus (bien que ce ne soit en fait que des excuses), je l’ai passé à m’envoyer trois apéros, un peu de pinard à table, le champagne et quelques verres de digestifs pour faire passer tout ça, puis à m’enfiler quatre bières (faisait chaud) en attendant que ce soit à nouveau l’heure de l’apéro pour remettre ça.
A la fin du week-end, je prend la voiture et je me fend la poire à écouter Renaud chanter J’ai raté Télé-Foot, ou bien Pochtron ! En me disant que ça aurait tout aussi bien pu être moi qui aie écrit ces paroles…

Au bout d’un moment (presque trois heures de route quand même), le CD change et passe automatiquement à l’album Boucan d’enfer, et là, c’est moins gai : sortant de l’alcoolisme, Renaud nous chante comment il n’a pas réussi à retenir sa femme. Je devrais pourtant être immunisé (je connais l’album par cœur), mais je n’arrive pas à empêcher les images de défiler dans ma tête à l’allure à laquelle je fais avaler les kilomètres à ma voiture : l’alcool, la tromperie, le mensonge, le malheur, le divorce, ne plus voir sa gamine etc. Et si - là aussi, ça pouvait être moi, dans quelques années ? Après tout, Renaud n’a-t-il pas écrit « Boucan d’enfer » vingt ans après « Banlieue Rouge » et « Morgane de toi » ?

Fidèle à moi-même, je prends la décision (régulière – quoique beaucoup moins ces dernières années) d’arrêter de boire pendant quinze jours, histoire de me prouver que je ne suis pas dépendant ; mais ça tombe mal, je viens de me faire offrir un pack des différentes « bières du Monde » ! La mentalité des fournisseurs étant ce qu’elle est, les bières doivent être consommées avant mai 2006 (!), je ne peux donc pas prendre le risque d’attendre qu’elles ne soient plus bonnes après… Ma décision attendra donc quinze jours, mais là encore, ça tombe mal, j’ai un bon pote de Marseille (ancien partenaire de cuites) qui monte pour me voir le 14 juillet ! Je ne vais tout de même pas lui faire ce coup-là… La décision attendra donc… Ah ! J’avais oublié : à la fin du mois, il y a le baptême de la petite (pas la mienne, celle du cousin) ! Ne pas boire de champagne à une occasion pareille serait se moquer de lui…

C’est incroyable, incroyablement grave à quel point je peux me trouver des excuses pour repousser ma décision, encore et encore…
J’ai donc pris la résolution ce soir DE NE PLUS TOUCHER UNE SEULE GOUTTE D’ALCOOL, et ce, le plus longtemps possible.
Pourquoi pas définitivement, même ? Ai-je besoin de boire pour m’amuser ? Ai-je besoin de ça pour passer du bon temps et oublier un peu ma semaine ?
J’espère bien que non, et je compte bien me le prouver.

Je vous prie de bien vouloir excuser cet aparté - c’est une chose très rare sur ce blog, mais je tenais à faire partager mes impressions de ce soir, car elles me semblent plutôt importantes : avant, je buvais parce que ça m’amusait d’être saoul ; aujourd’hui, j’ai de plus en plus l’impression que je bois par plaisir de boire. Il ne faut pas oublier que l’alcool reste dangereux pour la santé, et j’ai bien l’intention de tirer un trait là-dessus (voilà que je parle comme un alcoolique anonyme maintenant ;-)

Comments

[Bastogi]

Bonjour Jéjé.
Tu souhaiteras un bon anniversaire à ta fille de ma part, et je suis vraiment désolé si mon post t’a ravivé des mauvais souvenirs…
Je me suis mal fait comprendre : je ne me considère pas du tout comme un alcoolique, je voulais juste signaler qu’à force de boire, les effets de l’alcool ne se faisaient plus ressentir, sauf - évidemment, lorsque je dépasse mes limites à m’en rendre malade…
Du coup, je ne bois, en dehors du plaisir dû au goût de la boisson en elle-même (et encore), plus que par habitude, en grande quantité, et tous les week-ends (car toutes les excuses sont bonnes).
C’est en cela que je me suis dit qu’il valait peut-être mieux que je ralentisse, afin de retrouver un réel plaisir à prendre l’apéro à chaque réunion de famille, et une coupe de champagne à chaque grande occasion, plutôt que de boire sans soif à chaque sortie ou partie de pétanque…
Si je n’ai parlé d’arrêt « définitif », c’était juste histoire de me donner un objectif psychologique, car je me suis rendu compte que j’arrive très bien à me retenir de boire lorsque je suis tout seul, mais que du moment que je commence, je ressens constamment le besoin de remplir mon verre lorsqu’il est vide…

[jéjé]

Basto, l'alcoolisme, je connais... enfin je connaissais... disons que quelqu'un de ma famille, très proche, en a connu les affres de la dépendance. L'alcoolisme, c'est une maladie perverse et insidieuse, qui tue au delà de l'alcoolique lui même... moi aussi j'ai passé un we arrosé... j'étais de mariage samedi et dimanche on a fêté l'anniversaire de ma fille (1 an)... inutile donc de te dire que je n'ai pas laissé ma part au chien... et ce matin,je ne me suis pas pour autant réveillé avec l'impression d'être alcoolique.

L'alcoolisme, c'est un peu tous les jours ou parfois en douce quand on ne se sent pas bien, l'alcoolisme ce n'est pas savoir dire non alors que l'on a pas envie, c'est boire tout seul, c'est ne pas apprécié le vin que l'on te sert, mais juste le boire comme ça.

J'aime boire un coup... cela ne fait pas de moi un alcoolique, c'est un fils d'alcoolique qui te le dit... l'alcoolisme c'est bien plus compliqué que cela... mais quand tu es dedans, c'est dur, c'est violent, c'est moche...

[Bastogi]

Bonjour Juju et Bonnes vacances !

Tu as raison, je ne suis pas alcoolique (enfin, j’espère ;-)
Mais l’habitude de boire à chaque week-end passé en famille ou entre amis (et ils ne sont pas rares) fait que je ne suis plus du tout saoul après plusieurs verres… C’est en ce sens que j’ai décidé d’arrêter (ce n’est peut-être pas définitif d’ailleurs, je verrai d’ici quelques temps) de boire par habitude de boire.
D’autant plus que plus ça va, et plus les verres se multipliaient…

[juju]

tu parles de ta relation à l'alcool comme si tu buvais tous les jours, sans raison, et tout seul...alors de la à parler d'alcoolisme.... je ne pense pas non?