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Le grand salon de discussion
9 août 2006

Etre de droite, un tabou français – Eric Brunet (Albin Michel)

scan0001En partant d’un constat intéressant – à savoir que s’affirmer de droite de nos jours revient à être traité de réactionnaire, voire de facho ; Eric Brunet, journaliste, a écrit un livre sur le fait qu’être de droite est devenu tabou en France (ça, je crois que personne ne pourra le contester).
Je me suis donc lancé, alléché, dans la lecture de l’essai, pensant y trouver des explications et des arguments irréfutables… Autant le dire tout de suite, il n’en est rien : l’argumentation de l’auteur est basée sur une succession d’exemples et de théories on ne peut plus subjectives (celles sur mai 68 - jacquerie de petits bourgeois, et sur les fonctionnaires - profiteurs de l’Etat, n’étaient pas mal :-(

M. Brunet commence donc son livre- après nous avoir assurer que son but ici n’était pas de prendre position (ce dont on a du mal à croire dès les premiers chapitres), en retraçant l’histoire de ce tabou depuis son origine : la guerre de 39-45 et la collaboration ; il nous explique ainsi que tous les collaborateurs n’étaient pas de droite, et que tous les résistants n’étaient pas de gauche. Il continue sur le fait que le communisme a toujours été mieux vu que le nazisme, alors qu’il a fait beaucoup plus de morts à travers les âges et dans le Monde (nous citant au passage la sortie très boycottée du livre Noir du communisme), puis termine en nous disant que François Mitterrand (dont il rappelle le passé peu – ou plutôt très, glorieux sous Vichy) a bien su affaiblir sa droite concurrente en la confondant avec l’extrême droite, équation encore très appliquée de nos jours.

Passé ce chapitre, nous entrons dans le vif du sujet dans deux longs, très longs chapitres qui ont – à mon appréciation, plus tendance à s’en éloigner qu’à y pénétrer : le journaliste tente de nous montrer comment il est devenu difficile de s’affirmer de droite dans le domaine de la culture, puis des médias.
Même si je pense qu’il n’a pas complètement tort sur le fond, la forme (enchaîner exemple sur exemple) ne m’a pas franchement emballée : un exemple doit à mon avis rester illustratif dans ce genre de démonstration, car je pense que quelqu’un qui voudrait établir une contre argumentation de sa théorie pourrait tout aussi bien l’appuyer sur de multiples exemples.
De plus, si l’on ne peut qu’être d’accord avec ce qu’Eric Brunet nous avance, cela ne défends en rien son idée principale… Je m’explique : certes, ne pas penser politiquement correct (par exemple être contre la gay pride) revient à se faire regarder de travers, mais je ne vois pas en quoi cela est un engagement politique ; de même, il critique ceux qui attaquent sans réelles raisons les USA, mais il convient lui-même que (en France) même la droite s’y est mise, Jacques Chirac en première ligne…
En cela, je pense que M. Brunet s’est fortement éloigné de sa thèse principale, même si on devine où il veut en venir, on pouvait s’attendre à mieux qu’à tant d’amalgames de la part d’un professionnel : on a parfois l’impression qu’il parle de l’extrême gauche et du communisme comme de LA gauche, et n’hésite pas à placer les socialistes tantôt à gauche, tantôt à droite selon ce qui l’arrange.

Eric Brunet termine son livre par deux chapitres dans lesquels il revient de manière un peu plus précise sur ses théories : être de droite dans l’éducation et dans le travail, bien que, encore une fois, je trouve qu’il s’éloigne un peu du sujet.
Selon moi, que les Instituts Universitaires de Formation des Maîtres (IUFM) apprennent à tous les professeurs à enseigner de la même façon (et avec des méthodes de moins en moins pointues) est bien triste, mais je ne vois pas en quoi cela est une propagande de gauche ; de même, lorsqu’un ouvrier n’est pas en accord avec son syndicat représentatif, je ne vois pas pourquoi il serait forcément de droite, et inversement…
Décevant donc, même si le livre reste très intéressant et que je ne regrette pas de l’avoir lu jusqu’au bout ; je pense qu’il est à réserver à une certaine élite (dont je ne fais pas partie), qui connaîtrait les exemples - et surtout les contre-exemples, de la théorie de M. Brunet afin de s’en faire elle-même sa propre opinion.

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Commentaires
E
@beha<br /> Il me semble que la cahrité est du coté de la droite et la solidarité du coté de la gauche. ceci résumer la droite = patron et la gauche = faibles classes sociales, c'est ne pas avoir tiré les enseignements des dernières élections. Quand on voit à quel point les ouvriers ne votent plus pour la gauche, il faut se méfier des clichés.<br /> <br /> bien sur que la droite ou la gauche ont toujours existé, mais ce que je voulais dire c'est que sarkosy, jouant avec les peurs et stigmatisant les uns vis à vis des autres, il a fracturé plus que tout autre homme de droite auparavant le climat social! En cela, il est irresponsable et indigne d'un homme d'état! En chef de parti il excèle!<br /> Si tu me demandes qui est un homme d'état à droite, pour laquelle je n'ai pas de sympathie particulière, je dirais Chirac, c'est le seul que je vois, sans pourtant apprécier son action!
B
>>Enzo : Ce que j’entends par « la force des choses », c’est que c’est dans la nature humaine de trouver plus charitable de vouloir aider les gens qui sont en bas de l’échelle que d’aider les patrons à faire que leur entreprise pérennise. La gauche se range du côté de la classe sociale tandis que la droite choisit les patrons. Il serait donc beaucoup plus mal vu de critiquer la gauche et ses actions sociales, que la droite.<br /> En ce qui concerne ta dernière phrase « si Sarko à force de jouer avec le feu, continue de diviser la population. En cela il n'a rien d'un homme d'état.», il me semble que Sarko ne soit pas le premier, ni le dernier à diviser l’opinion publique, je te rappel qu’en France il y a deux axes de vote : la gauche et la droite, et qu’il subsiste au sein même de ces axes des divergences d’opinion, et de multiples parties. J’aimerai donc que tu m’expliques qui au jour d’aujourd’hui serait digne d’être un homme de l’état.<br /> Je te rappel également que ceux sont ces divergences d’opinions qui font avancer le pays, et je reste persuadée que tu n’es pas à 100% d’accord avec toutes les décisions prises par ton partie, mais que c’est dans ton partie que tu retrouves le plus d’idées qui te conviennent.
E
@beha<br /> Faudrait que tu m'expliques ce qu'est "la force des choses" car je ne suis pas convaincu....<br /> Ce débat est un faux problème. Il n'y a pas de honte ni de tabou, ni de réprobation sociale!<br /> il y a juste des cons dans tous les milieux sociaux! ton exemple en est la preuve même si Sarko à force de jouer avec le feu, continue de diviser la population. En cela il n'a rien d'un homme d'état.
R
bah il n'est pas diplomé en sociologie ce monsieur...<br /> si l'on sonde les français, on remarque qu'ils se disent de gauche (a 52% environ) et voteraient plus sarko que sego (a quelque chose pres ou cela depend des mois)...<br /> se n'est donc pas ecrasant comme constat...<br /> les francais ne discutent donc pas lorsqu'ils s'avouent de droite... <br /> les jeunes sont de gauche, les plus ages sont de droite, ce constat se repete, mais ne saurait etre une verité enracinée pour dire que le francais n'ose pas etre de droite (sous peur d'etre taxés de react de vieux peut etre... surement... evidement...)<br /> <br /> concernant les amalgames, avouez qu'aujourd'hui nous sommes en mesure de trouver de nombreux points communs entre une droite sarkosyste et une droite lepeniste... un aveugle ne s'y tromperait pas...<br /> <br /> l'ecrivain semble faire fausse route... en ecoutant la radio, regardant la télé, lisant les journaux, je m'excuse de constater que (bien qu'il soit courrant de tapper sur sarko) la droitisation des esprit a quelque peu opérée...<br /> <br /> en ce qui concerne les positions de droite, je crsoi qu'il faut savoir les assumer...on ne peux pas dire "je suis de droite" et avoir honte de la droite... (je met ici volontairement en exeption des decus du gaulismes, anciens chabanistes ou autres qui ne peuvent pas etre amalgamés avec les chiraquistes ou sarkosystes):<br /> je m'explique; l'ump admet une position, elle est claire (sur les homosexuels, sur l'immigration) et elle fait debat...<br /> <br /> ainsi s'il est adequat de dire quelque chose c'est de dire: "je suis de droite mais j'ai honte d'apartenir a l'ump, au FN,au mpf..."<br /> (ou je sais: il reste quoi?)
B
Ce n’est pas une question de honte d’être de droite, mais bien d’un tabou c'est-à-dire d’un sujet très épineux, d’un « interdit ». La définition du dictionnaire explique clairement la signification de ce mot « ce dont on n’a pas le droit de parler sans encourir la réprobation sociale », cela n’a donc rien à voir avec la honte. <br /> Pour ma part, je suis assez stupéfaite de l’amalgame que l’on peut faire sur la droite, et j’en ai d’ailleurs fais les frais. En plein après midi, une personne de voyage frappe à ma porte pour me vendre des babioles dont je n’en avais aucune utilité. Très poliment je lui dis que je ne suis pas intéressée, et là l’individu s’énerve en me traitant de Sarkozyste, de personne de droite et m’affirmant que je devrais en avoir honte… Je passe les détails sur la vulgarité de cet homme, mais je suis interloquée du fais que l’on soit traité de Sarkozyste uniquement parce que l’on ne porte pas toute la misère du Monde sur son dos, et surtout que « Sarkozyste » soit devenu une insulte : je doute très fortement d’être un jour traitée de « Hollandiste », ou de « Languiste » car c’est bien évidemment politiquement correct d’être de gauche.<br /> Si être de gauche signifie être généreuse et aidée son prochain, alors je le suis car je me plierai en quatre pour les gens qui m’entourent, et je donne de la nourriture à certains organismes qui font la récolte dans les grandes surfaces.<br /> Si être de droite signifie être libre de donner ou pas de l’argent à un inconnu, et de ne pas se plier à la volonté d’individus qui vous agressent en croyant que tout leur est dû, alors oui je le suis.<br /> Il me semble que nous vivons dans une démocratie, nous sommes libre de penser et de vivre comme bon nous semble. Il faut arrêter de croire que la gauche c’est bien et que la droite c’est mal, car tous les gauchistes ne sont pas généreux, et tous les droitistes ne sont pas forcément égoïstes.<br /> <br /> >> Enzo : Je suis d’accord sur le fait que de tels amalgames ou de tels tabous peuvent concerner également la gauche, mais je reste persuadée que la force des choses fait qu’ils sont tout de même moins nombreux à l’heure actuelle.<br /> >> Nico : Je suis d’accord sur le fait qu’il n’y ait pas de honte à être de droite ; mais le fait que tu sois obligé de préciser « Républicaine » montre bien qu’il subsiste des amalgames, un peu comme lorsque l’on se sent obligé de parler d’islamistes « modérés » pour ne pas les confondre avec des terroristes : je ne suis pas sure que cela convienne aux musulmans…
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