Mais qu’attend le PS ?
Le Parti Socialiste est un grand, un très grand parti. Pour
ceux qui en douteraient encore et le voyaient plutôt moribond, je les invite à
regarder les résultats de l’élection présidentielle (ne serait-ce que du
premier tour), ou les intentions de vote pour les prochaines législatives.
Cependant, il ne faut pas se leurrer, il n’est pas au sommet
de sa forme. Il vient de perdre sa troisième élection présidentielle d‘affilée,
et il - ou plutôt certains de ses représentants prennent plaisir à l’autocritiquer
afin de se poser comme candidat naturel d’ici cinq ans…
Pourtant, nous avons vu que ces incessantes querelles ne
font - plutôt que de l’en sortir, qu’enfoncer un peu plus le PS dans la
situation actuelle.
Personnellement, j’estime que le PS n’est pas sur une
mauvaise dynamique, en tout cas pas depuis douze ans. En effet, il a gagné des
élections après chacune de ses déroutes présidentielles (même s’il ne
s’agissait surtout que d’un vote sanction envers l’autre partie), et focaliser
sur ces dernières n’est pas la bonne méthode. Selon moi (bien que le débat
reste évidemment ouvert), si le Parti Socialiste n’a pas su tirer profit du
rejet par l’opinion publique de la droite (rappelons que malgré ce qu’a pu
promettre Nicolas Sarkozy, le nouveau gouvernement n’est rien de plus que la
continuité du précédent), c’est parce qu’il n’a pas proposé de réelles
alternatives face aux propositions de l’UMP. Bien au contraire, il a parfois
légitimé celles-ci (notamment et entre autres sur l’immigration -
« choisie » selon l’UMP, « partagée » selon les socialistes
– mais qui autant l’une que l’autre refusent les régulations massives).
L’UMP a récupéré les voix des ouvriers en promettant de
revaloriser la valeur du travail ? C’est au PS (qui en tant qu’opposition
n’aura pas la plus mauvaise place pour observer et critiquer) de proposer autre
chose ; quelque chose de mieux ; de différent ; et qui séduira à
nouveau les Français.
Ségolène Royal est loin d’être parfaite. Comme tout être
humain. Et d’autant plus comme tout Homme politique de la nouvelle génération
(surmédiatisée) qui ne cesse de faire parler d’elle. Elle n’est pas pour autant
exempte de qualité, notamment celle d’avoir réussi à rassembler (malgré les
courants et les querelles) 60% des militants autour de son investiture, et près
de 47% des Français sur sa candidature au second tour des présidentielles. Quel
autre socialiste aurait pu en faire autant ?
Très populaire, Mme Royal s’est fait applaudir lors des
meetings socialistes pour les législatives. Sur-active, elle n’a cessé ces
dernières semaines de dénoncer (de plus en plus intelligemment) l’attitude et
les propositions de l’UMP ; s’est souvent déplacée pour soutenir les
candidats PS dans leurs circonscriptions et annonce maintenant préparer une
motion qu’elle présentera afin que les militants puissent se prononcer « sur
une ligne politique claire » : elle est donc désormais
officieusement candidate à la succession de son compagnon à la tête du Parti
Socialiste.
Préférant tenter de récupérer quelques voix au bénéfice du
temps, les autres éléphants préfèrent garder le silence et ne pas appeler à un
nouveau vote des militants (qui donnerait à coup sûr Ségolène Royal encore
largement en tête).
Pourtant, j’estime que si le PS veut garder des chances de
gagner les prochaines élections (quelles qu’elles soient), il doit oublier un
peu l’idée de devoir forcément plaire à tout le monde (notamment à la multitude
de courants qui existent au sein même de son Parti) et doit adopter un fil
rouge clair et un programme propre et précis, quitte à ce que les représentants
des courants mettent un peu leur ego de côté (sans pour autant ne plus faire
valoir et défendre leurs idées) : la multitude et la complexité de
l’extrême gauche en est arrivé aujourd’hui à la détruire, il serait dommage
d’en faire de même avec le PS…
Je ne suis pas pour que le candidat socialiste des futures élections présidentielles soit immédiatement nommé : il risquerait fort d’être soumis à la critique (de l’extérieur comme de l’intérieur de son parti). Mais j’estime que si un candidat arrivait à se démarquer des autres et se présenter comme le candidat naturel de son parti (un peu à l’instar de Nicolas Sarkozy à l’UMP), et qu’il bénéficierait de l’appui de ses confrères (même s’il faut pour cela faire quelques arrangements), ce serait un atout énorme pour le PS… Et la seule qui s’impose en ce moment (comme depuis un bon moment d’ailleurs), c’est Mme Royal.
C’est pour cela que je vous pose cette question : Mais
qu’attend le Parti Socialiste pour soutenir universellement Ségolène Royal et
l’investir à sa tête ?