Clivage Gauche-Droite : Mais où va la France ?
Certains en avaient rêvé, François Bayrou l’avait promis,
mais c’est finalement Nicolas Sarkozy qui le mettra en œuvre : le
dépassement du clivage gauche-droite.
En effet, en ouvrant son gouvernement à des personnalités
qui ne sont pas de son bord politique, M. Sarkozy a réussi à séduire (pour le
moment) les Français. Il faut dire que privilégier les compétences sur la
fidélité des députés, inciter des personnes de tous bords à s’unir afin de
réfléchir et de travailler pour le bien et l’avenir de la France, c’est plutôt
rare, et ça fait (en tout cas en théorie) plaisir à voir : nos dirigeants seraient-ils
enfin sorti de leur logique stéréotypée du toujours pour ou toujours contre et
auraient-ils enfin appris à se servir de leurs méninges ?
Pourtant.
Pourtant, n’est-il pas légitime de se demander ce qui se
cache derrière ce beau tableau ? N’y a t il pas lieu de s’inquiéter ?
Personnellement, si j’ai pu être séduit par le dépassement
du clivage gauche-droite pour les raisons que j’ai évoqué plus haut, je n’ai
jamais cru en sa fin. Pour de multiples raisons – historiques,
économiques et idéologiques (dont je laisse le soin à mes confrères de Kiwis de
vous exposer – voir plus bas), la gauche et la droite ne pourront jamais trouvé
de compromis, en tout cas pas sur tout. Les frontières entre les deux bords
peuvent devenir floues, ou être bousculées, elles ne peuvent en aucun cas
disparaître. Par exemple, la gauche envisage de combattre le chômage en aidant
les chômeurs, la droite les patrons ; les deux positions ont leurs points
positifs et négatifs, mais aucun accord n’est envisageable entre les deux…
Aucun compromis n’est possible, et c’est tant mieux :
la République a besoin pour s’affirmer d’un pouvoir et d’un contre-pouvoir. Ce
qu’est en train de faire le Président de la République, c’est bien ; ce
que sont en train de faire Jack Lang, Bernard Kouchner et autres Eric Besson
l’est beaucoup moins. Ces gens-là sont en train de décrédibiliser leur propre
Parti, celui qui leur a permis d’être au niveau où ils sont à l’heure actuelle
pour des fins – il faut bien le dire, strictement personnelles…
Nicolas Sarkozy est quelqu’un d’ambitieux et d’omniprésent,
aussi j’estime qu’il doit exister une opposition constructive face à lui. Car
derrière son ouverture et le dépassement du clivage gauche-droite, il est en
train de mener une politique clairement positionnée à droite (certes,
c’est ce qu’il avait promis, mais que nous soyons pour ou contre n’est pas
tellement le débat) tout en ridiculisant ses adversaires : si nous ne
voulons pas avoir qu’un seul candidat crédible à la prochaine élection
présidentielle (voire aux suivantes) qui pourrait dès lors exercer sans
entraves la politique qu’il souhaite, l’opposition a tout intérêt à se
ressaisir, et vite !
Encore une fois, je ne dis pas que ce que fait M. Sarkozy
est mal, simplement que nous avons sous certains aspects presque l’impression
d’être actuellement plus dans une Monarchie que dans une République…
Dans le cadre des grands débats communs proposés par le
Cercle des blogueurs disparus, je vous invite à venir découvrir l’analyse
économique de Seb,
celle historique et idéologique de Toréador,
ainsi que celles plus politiques de Pierre Catalan,
de Laurent, de Frednetick et Malakine
(si j’en ai oublié, n’hésitez pas à me le signaler).
A vos claviers, et bon débat !