L’euthanasie
En Août 2003, Paulette Druais, 65 ans, en phase terminale d’un cancer du pancréas, décédait au service de soins palliatifs de Saint-Astier. C’est une fin triste et malheureusement inévitable à l’heure actuelle face à une telle maladie. Mais en regardant d’un peu plus près, on apprend que cette mort, somme toute naturelle à première vue, est due à une injection mortelle de potassium. Cette dose, administrée par une infirmière, a été ordonnée par le médecin Sophie Tramois, qui connaissait fort bien la victime, puisque la sœur du médecin est mariée au fils de la défunte. Le médecin, autant relié affectivement à son patient, peut-il objectivement travailler ? J’en doute, même Sophie Tramois le dit : "Si Paulette n'avait pas été Paulette, je n'aurais jamais prescrit le potassium". Cela signifie-t-il alors qu’il existe des « traitements de faveur » envers certains patients qui agonisent, et pas d’autres ?...
Quoiqu’il en soit cette affaire relance le débat sur l’euthanasie et ce n’est pas sans rappeler l’histoire du jeune Vincent Humbert, devenu tétraplégique à la suite d’un grave accident de voiture à l’âge de 21 ans, et dont la mère et le docteur l’ont aidé à mourir. Bien que ces deux histoires évoquent le grand problème de l’euthanasie, la justice voit des divergences entre ces deux affaires, et ainsi a prononcé un non lieu pour l’affaire Humbert, mais renvoie devant la cours d’assise le médecin et l’infirmière de Paulette Druais pour empoisonnement et complicité d’empoisonnement.
Il faut néanmoins souligner que dans l’affaire Humbert, le jeune Vincent voulait mourir (il avait même fait une lettre déchirante au président de la république qui avait répondu à la mère qu’il fallait redonné à Vincent goût à la vie), et sa mère l’a soutenu et approuvé dans son choix, tandis que dans l’affaire Druais la « victime » n’aurait semble t-il pas demandé directement à son médecin de mourir et, de plus, la décision aurait été prise sans consentement de la famille. D’après l’autopsie pratiquée, Mme Druais serait tout de même morte une quinzaine de jour plus tard.
La différence de décision entre les deux affaires met en émoi beaucoup de personnes qui ne comprennent pas comment la loi peut autoriser qu’un médecin débranche un appareil, mais condamne celui qui « aide à mourir », grosso modo : comment la loi peut autoriser certaines personnes à abréger les souffrances d’une autre, seulement à condition que celle-ci ne survive que de manière « artificielle ». Pour ma part, je pense que l’euthanasie ne doit pas être légalisée car il y a de fort risque d’abus telle l’infirmière qui a écourté la vie de dizaines de personnes âgées qui devaient mourir de vieillesse, sans parler des risques sur les trafics d’organes (sur ce sujet j’extrapole peut-être un peu, mais tout est possible), ou encore des héritiers trop pressés d’obtenir leur dû. En revanche, je suis pour l’euthanasie « exceptionnelle », dans des cas où le malade est en phase terminale d’une grave maladie, que la science ne peut plus rien pour lui, et que bien entendu le patient émet le souhait de mourir. Je pense qu’il faut avoir une once d’humanité et qu’il faut permettre à certaines personnes de mourir dignement, ou en tout cas de ne pas les laisser souffrir gratuitement et inutilement comme c’est encore le cas aujourd’hui.