Qu’est-ce que le changement ?
Le dictionnaire nous dit que le changement est une
transformation de quelque chose dans l’espace « temps », ou une
substitution de quelque chose par autre chose dans l’espace « lieu ».
Je passerai sur le fait qu’il est difficile qu’un changement opère dans
l’espace « lieu » sans opérer également dans l’espace
« temps », mais c’est bien entendu le changement en tant que
transformation qui nous intéresse au sens philosophique.
Selon de nombreux philosophes, le changement est synonyme de
mouvement, mais aussi d’existence : rien qui existe ne peut rester
inchangé - les arbres poussent, les êtres humains vieillissent, les objets se
détériorent (à plus ou moins grande vitesse selon leur capacité à se
biodégrader)… On remarquera au passage la différence qui apparaît entre
« vivre » (pour tous ce qui « vit ») et
« exister » (pour le reste).
Nous pouvons également pousser un peu plus loin le
raisonnement et affirmer - à l’instar de Bergson, que quelque chose ne peut
pas changer s’il n’y a pas quelque chose qui ne change pas.
Au premier abord, cette phrase peut paraître complexe, et
pourtant, elle est on ne peut plus logique si on la regarde de plus près :
par exemple, on peut dire à quelqu’un qui se présente vêtu d’une autre chemise (que
celle de la veille) qu’il a changé de chemise ; mais on n’aurait pas pu le
lui dire s’il avait mis un T-shirt à la place, car il n’y aurait alors pas eu
changement mais substitution. De même, si nous rencontrons une connaissance
perdue de vue depuis un certains temps, nous ne pouvons nous apercevoir qu’elle
a changé seulement s’il y a quelque chose en elle qui n’a pas changé ;
sinon, nous ne l’aurions même pas reconnue, ou bien ce ne serait plus elle…
Certains se demandent « Qu’est-ce que le
temps ? » ou bien « A quoi sert de vieillir ? ».
Et si les réponses n’étaient pas plus compliquées que
cela : le temps, c’est le changement, car seul le changement nous permets de
constater que le temps passe ; et vieillir, ça permet de changer, de grandir,
de mûrir… Si le temps ne passait pas, nous serions restés l’enfant capricieux
que nous étions il y a des années, nous ne pourrions jamais réaliser nos rêves,
guérir de nos blessures, les oublier, voire pardonner à ceux qui nous les ont
faites…
Vous l’aurez compris, vieillir sert à effacer les mauvais
moments de la vie, mais pas seulement ; cela nous sert également (et
surtout – selon que l’on soit optimiste ou pessimiste) à s’élargir l’esprit de
part l’expérience que l’on acquiert, et réaliser les objectifs que nous nous
sommes fixés.
Mais alors, Que se passe-t-il lorsque nous avons atteint
(tous) les objectifs que nous nous étions fixés ? Je vais certainement
en choquer quelques uns en disant cela, mais lorsque nous avons atteint nos
objectifs, nous pouvons mourir… Mourir l’esprit tranquille.
Je conçois que cela puisse paraître surprenant, mais
certaines personnes âgées ou malades ne décident-elles pas elles-mêmes de leur
dernière heure ?
Cependant, je ne suis pas de ceux qui trouvent toujours un
sens à la mort, car il y a aussi des personnes qui meurent sans l’avoir décidé
(non pas que certaines le décident – en dehors des suicidaires, mais dans le
sens où elles meurent subitement, sans pouvoir réaliser ce qui leur arrive et
donc faire le point sur leur vie : quelqu’un qui meurt dans un accident
par exemple). Dans ces cas, malheureusement, nous ne pouvons que nous dire que
cela fait partie de la vie, de ses changements (de ceux qui nous font mieux
apprécier les bons moments) ; et le temps qui passe nous servira à guérir nos
blessures, faire notre deuil et donc recommencer à vivre
« normalement » afin de tenter nous-mêmes de pouvoir partir l’esprit
tranquille.
Il est vrai qu’il n’est pas très réconfortant d’entendre ce genre de théorie sur la mort, et peut-être atteignons-nous ici la limite de la philosophie : les religions ont un côté bien plus rassurant, mais cela, c’est un autre sujet (je tiens d’ailleurs à préciser que les thèmes du temps et de la mort n’étaient là que pour appuyer celui du changement, et devraient faire – feront, peut-être ? – l’objet d’une chronique à eux seuls).