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Le grand salon de discussion
31 août 2006

Qu’est-ce que le changement ?

Le dictionnaire nous dit que le changement est une transformation de quelque chose dans l’espace « temps », ou une substitution de quelque chose par autre chose dans l’espace « lieu ». Je passerai sur le fait qu’il est difficile qu’un changement opère dans l’espace « lieu » sans opérer également dans l’espace « temps », mais c’est bien entendu le changement en tant que transformation qui nous intéresse au sens philosophique.
Selon de nombreux philosophes, le changement est synonyme de mouvement, mais aussi d’existence : rien qui existe ne peut rester inchangé - les arbres poussent, les êtres humains vieillissent, les objets se détériorent (à plus ou moins grande vitesse selon leur capacité à se biodégrader)… On remarquera au passage la différence qui apparaît entre « vivre » (pour tous ce qui « vit ») et « exister » (pour le reste).
Nous pouvons également pousser un peu plus loin le raisonnement et affirmer - à l’instar de Bergson, que quelque chose ne peut pas changer s’il n’y a pas quelque chose qui ne change pas.
Au premier abord, cette phrase peut paraître complexe, et pourtant, elle est on ne peut plus logique si on la regarde de plus près : par exemple, on peut dire à quelqu’un qui se présente vêtu d’une autre chemise (que celle de la veille) qu’il a changé de chemise ; mais on n’aurait pas pu le lui dire s’il avait mis un T-shirt à la place, car il n’y aurait alors pas eu changement mais substitution. De même, si nous rencontrons une connaissance perdue de vue depuis un certains temps, nous ne pouvons nous apercevoir qu’elle a changé seulement s’il y a quelque chose en elle qui n’a pas changé ; sinon, nous ne l’aurions même pas reconnue, ou bien ce ne serait plus elle… 

Certains se demandent « Qu’est-ce que le temps ? » ou bien « A quoi sert de vieillir ? ».
Et si les réponses n’étaient pas plus compliquées que cela : le temps, c’est le changement, car seul le changement nous permets de constater que le temps passe ; et vieillir, ça permet de changer, de grandir, de mûrir… Si le temps ne passait pas, nous serions restés l’enfant capricieux que nous étions il y a des années, nous ne pourrions jamais réaliser nos rêves, guérir de nos blessures, les oublier, voire pardonner à ceux qui nous les ont faites…
Vous l’aurez compris, vieillir sert à effacer les mauvais moments de la vie, mais pas seulement ; cela nous sert également (et surtout – selon que l’on soit optimiste ou pessimiste) à s’élargir l’esprit de part l’expérience que l’on acquiert, et réaliser les objectifs que nous nous sommes fixés.
Mais alors, Que se passe-t-il lorsque nous avons atteint (tous) les objectifs que nous nous étions fixés ? Je vais certainement en choquer quelques uns en disant cela, mais lorsque nous avons atteint nos objectifs, nous pouvons mourir… Mourir l’esprit tranquille.
Je conçois que cela puisse paraître surprenant, mais certaines personnes âgées ou malades ne décident-elles pas elles-mêmes de leur dernière heure ?
Cependant, je ne suis pas de ceux qui trouvent toujours un sens à la mort, car il y a aussi des personnes qui meurent sans l’avoir décidé (non pas que certaines le décident – en dehors des suicidaires, mais dans le sens où elles meurent subitement, sans pouvoir réaliser ce qui leur arrive et donc faire le point sur leur vie : quelqu’un qui meurt dans un accident par exemple). Dans ces cas, malheureusement, nous ne pouvons que nous dire que cela fait partie de la vie, de ses changements (de ceux qui nous font mieux apprécier les bons moments) ; et le temps qui passe nous servira à guérir nos blessures, faire notre deuil et donc recommencer à vivre « normalement » afin de tenter nous-mêmes de pouvoir partir l’esprit tranquille. 

Il est vrai qu’il n’est pas très réconfortant d’entendre ce genre de théorie sur la mort, et peut-être atteignons-nous ici la limite de la philosophie : les religions ont un côté bien plus rassurant, mais cela, c’est un autre sujet (je tiens d’ailleurs à préciser que les thèmes du temps et de la mort n’étaient là que pour appuyer celui du changement, et devraient faire – feront, peut-être ? – l’objet d’une chronique à eux seuls).

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Commentaires
B
>> Margrite : Personnellement, je pense en effet que l’on change lorsqu’on grandit ; mais cela ne veut pas dire que changer est le synonyme de grandir, bien que cela reste complexe et lié (puisqu’un changement s’opère obligatoirement dans l’espace temps : si nous changeons, nous vieillissons aussi forcément – je pense que c’est ce que tu entends par « grandir »)…Si certaines personnes t’ont fait des reproches, c’est peut-être parce qu’elles estiment que tu ne changes pas en bien (donc rien à voir avec le fait de grandir), mais cela, ça reste à toi de voir.
M
je pense que quand l'on grandit, on change mais j'ai eu plusieurs reproche comme quoi je changais, c'est question me tracasse et j'y reflechis beaucoup, j'aimerais savoir se que vous en pensez...
B
>> Erasme de Metz : Bonjour, et bienvenu au salon.<br /> Je n’ai pas vu « Le guépard », mais ce « Lampedusa » m’a l’air d’être un grand penseur ;-)<br /> <br /> >> Philpo : Bienvenu au salon et merci pour ce petit éclaircissement sur la philosophie antique.<br /> Effectivement, il y aurait des pages et des pages à écrire sur cette dernière : le moins que l’on puisse dire, c’est que ses théories intriguent et laissent encore à réfléchir, plus de 2000 ans après…<br /> Quant à la mort, c’est vrai qu’elle a son importance dans la vie ; c’est d’ailleurs la prise de conscience de la mort qui distingue les hommes des animaux (entre autres), et qui a fait de l’homme un philosophe : elle est la base même de la philosophie…
P
Je voudrais te répondre au sujet du temps et de la mort. Déjà les Grecs avaient senti que la mort est nécessaire pour donner sa valeur à la vie : les valeurs sont d'autant plus fortes qu'elles sont fragiles et c'est la fragilité d'une chose qui fait son prix. Je fais court, mais il y aurait beaucoup de choses à dire sur la philosophie antique.
E
Ma phrase préférée sur le changement: <br /> "il faut que tout change pour que rien ne change"<br /> Lampedusa dans "Le Guépard"
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